La Commission européenne prend des mesures pour lutter contre la fraude fiscale et garantir une concurrence loyale
En France, 98 % des vendeurs étrangers actifs contrôlés sur les plateformes de commerce électronique n'étaient pas immatriculés à la TVA en France et ne payaient donc pas cette taxe à l'État (IGF, 2019).
Les questions fiscales nécessitant l'unanimité des États membres, la Commission européenne tente depuis 10 ans d'agir contre les règles qui favorisent les e-commerçants situés dans les pays les moins taxés par rapport aux e-commerçants du pays de l'acheteur. Cependant, il semble que ce dernier ait finalement trouvé un compromis. Initialement prévu pour janvier 2021, le paquet TVA sur le commerce électronique a été reporté de six mois (en raison de la crise de la Covid-19) et est entré en vigueur le 1er juillet.
Les nouvelles dispositions (décrites dans les sections suivantes) sont divisées en deux parties : d'une part, celles relatives aux commerçants effectuant des ventes d'un pays de l'UE à un autre et, d'autre part, celles qui concernent les commerçants exportant des marchandises vers les pays de l'UE.
Trois grands changements pour les ventes à distance intracommunautaires de biens (au sein de l'UE)
Suppression des seuils applicables aux ventes à distance :
Avant la réforme, chaque État membre de l'UE avait son propre seuil de vente à distance. Les commerçants de l'UE étaient donc tenus de s'immatriculer à la TVA dans le pays de l'acheteur dès que leurs ventes dépassaient le seuil applicable dans ce pays. Le 1er juillet, les seuils applicables à la vente à distance ont été supprimés. Les commerçants effectuant des transactions transfrontalières seront toujours, dès le premier euro, soumis à la TVA dans le pays d'arrivée.
Nouveau seuil pour les micro-entreprises de l'UE :
Une exception au changement décrit ci-dessus est accordée aux micro-entreprises établies dans un pays de l'UE et dont le chiffre d'affaires annuel n'a pas dépassé 10 000€ au cours des deux dernières années. Ces derniers pourront continuer à appliquer le taux de TVA du pays de l'UE dans lequel ils sont établis, quel que soit le pays de l'UE dans lequel ils vendent. Cette exemption contribuera à promouvoir le développement économique des PME.
Rapports via le système de guichet unique (OSS) :
Dans le cadre de la réforme du 1er juillet, les commerçants pourront désormais déposer une seule déclaration de TVA via le guichet unique (OSS). Ce système sera valable pour un ensemble de pays de l'UE et facilitera l'enregistrement auprès de chaque administration fiscale. Plus concrètement, il permettra de faire des déclarations une fois par trimestre, pour tous les pays de vente en même temps, par voie électronique, dans leur propre langue, et en payant le montant total aux autorités fiscales nationales en une seule fois.
Deux grands changements pour les pays tiers voyageant vers l'UE
Nouveau seuil de 150€ pour les importations :
Actuellement, les importations de biens contenus dans des envois d'une valeur inférieure ou égale à 22€ sont exonérées de TVA. Depuis le 1er juillet, cette règle a été remplacée par une exonération de TVA pour les importations uniquement. Il sera applicable aux colis dont la valeur n'excède pas 150€ et dont les ventes sont déclarées via le système IOSS. Au-delà de ce seuil, la TVA à l'importation et les droits de douane continueront de s'appliquer.
Déclaration via le système d'importation à guichet unique (IOSS) :
Désormais, les commerçants de pays tiers peuvent utiliser le nouveau guichet unique pour les importations (« Import One Stop Shop » ou IOSS en anglais) afin de déposer une déclaration de TVA mensuelle unique pour toutes les exportations de faible valeur (ne dépassant pas 150€) vers l'UE qui ne sont pas facilitées par une place de marché ou une plateforme. L'utilisation de ce guichet unique pour les importations n'est pas obligatoire.
Les conséquences pour les marchés et les consommateurs
Responsabilité des places de marché en matière de TVA
Depuis le 1er juillet 2021, les places de marché sont considérées comme ayant acheté et vendu les produits elles-mêmes (en matière de TVA). Par conséquent, les plateformes sont tenues entièrement responsables du paiement de la TVA et sont tenues de le payer à la place des entreprises qui utilisent la place de marché. Heureusement pour ces derniers, ils auront la possibilité de bénéficier de régimes spéciaux grâce au guichet unique de l'IOSS pour les importations inférieures à 150€.
Cette réforme permettra de lutter plus efficacement contre la fraude fiscale en Europe, estimée à 5 milliards d'euros, dont 1 milliard provenant du seul groupe Amazon (Attac, 2019). Il mettra officiellement fin au « marché noir » des places de marché qui échappaient à la TVA sur les articles pour lesquels la TVA avait déjà été payée une fois avant d'être reconditionnés.
Impact sur les consommateurs
Le consommateur pourrait devenir un des dommages collatéraux de cette réforme. En effet, il y a de fortes chances que de nombreux vendeurs tiers (Amazon, AliExpress ou Wish) qui bénéficiaient auparavant de ventes hors TVA répercutent la hausse du coût de cette nouvelle mesure sur les prix pour le consommateur final. Selon Capital, la hausse des prix pourrait être de l'ordre de 20 à 30 %...
Références :
https://www.shopify.fr/blog/tva-ecommerce-europe
https://www.wuro.fr/blog/droits-et-obligations/paquet-tva-e-commerce-1er-juillet-2021.html
https://www.lalanguefrancaise.com/orthographe/finals-ou-finaux
https://www.quaderno.io/blog/oss-or-ioss-eu-vat-one-stop-shop-rules-for-e-commerce
https://ec.europa.eu/taxation_customs/business/vat/action-plan-vat/proposal-vat-rates_en
https://www.hellotax.com/blog/one-stop-shop/
https://www.newfoodmagazine.com/news/145430/fdf-trade-snapshot/